L’Institut National des Jeunes Aveugles (INJA), qui fut la seconde maison de Louis Braille, doit sa fondation, en 1785, à Valentin Haüy, un homme de lettres qui s’engagea très tôt dans la cause des personnes aveugles et malvoyantes.

En dépit de son démarrage modeste, avec seulement une douzaine d’élèves, la création de cet Institut constitue une avancée majeure : c’est en effet la première fois qu’est envisagé, de manière formelle, un enseignement à l’attention des enfants aveugles.

En son sein, les enfants apprennent les matières enseignées à l’école traditionnelle, la musique ainsi qu’une grande variété de métiers manuels, visant à assurer leur autonomie, à la sortie de l’institution.

 Une histoire mouvementée

A la Révolution française, l’Institut change de statut. Jusqu’alors financé par la Société Philanthropique, l’établissement est nationalisé par décret en 1791, une nationalisation qui va de pair avec un regroupement de l’Institution des sourds-muets.

Il reprend son autonomie en 1794 et devient l’Institut National des Aveugles Travailleurs. Mais en 1800, l’Institut  est rattaché à l’hospice des Quinze-Vingts.

Il ne retrouve son autonomie qu’en 1816. Rebaptisé Institution Royale des Jeunes Aveugles, il s’établit alors rue Saint Victor (qui est l’actuelle rue des Ecoles), dans les bâtiments de l’ancien collège des Bons-Enfants. C’est dans ce lieu que Louis Braille sera élève puis ensuite professeur. Mais les locaux sont insalubres et de nombreux élèves vont souffrir de la tuberculose, ce qui motivera, par décision de l’Etat, la construction de bâtiments neufs et sains. Il faudra néanmoins attendre 1838 qu’une loi soit votée à cet effet. Ceux-ci verront le jour en 1843, au 56 boulevard des Invalides, qui est encore aujourd’hui l’adresse de l’INJA.

INJA

Trois directeurs successifs

Trois directeurs se sont succédé, marquant l’Institut de leur empreinte. 

Le premier, Sébastien Guillié, est un ancien médecin militaire et médecin oculiste. Homme à la réputation sévère, il contribuera à améliorer significativement l’enseignement musical. 

Son successeur, en 1821, est François-René Pignier, un ancien médecin du séminaire Saint-Sulpice, qui tentera de faire déménager l’Institution en raison de l’insalubrité des bâtiments. Autre fait notable, il apportera un soutien décisif à Louis Braille, faisant paraître deux éditions de son système d’alphabet, ainsi qu’un premier livre en braille, dès 1837.

Le dernier directeur se nomme Pierre-Armand Dufau. Opposé à François-René Pignier, il obtiendra son départ forcé en 1840. Réticent au braille, il le fera interdire, mais les élèves continueront de l’utiliser en secret. Il finira toutefois par reconnaître l’intérêt de cet alphabet, notamment grâce à l’action de son adjoint Joseph Guadet. Lors de l’inauguration des nouveaux locaux en 1844, une démonstration d’écriture et de lecture sera organisée, afin de démontrer la supériorité de ce système.