L’époque – nous sommes au XVIIIe siècle, le siècle des Lumières - commence à s’intéresser à l’éducation des personnes handicapées.
Tandis que l’abbé de l’Epée œuvrera en faveur de l’instruction des personnes sourdes, Valentin Haüy sera l’un des premiers à se soucier du sort des personnes aveugles et à s’engager pour leur intégration dans la société française.
Né le 13 novembre 1745 à Saint-Just-en-Chaussée, dans l’Oise, ce fils de tisserand est un homme de lettres érudit. Maîtrisant une dizaine de langues, en plus du latin, du grec et de l’hébreu, il sera professeur au Bureau Académique d’Ecriture et interprète du Roi.
C’est un événement particulier survenu en 1771 qui déclenche sa volonté d’agir pour l’inclusion sociale et culturelle des personnes aveugles ou malvoyantes. Il assiste alors à un spectacle de jeunes aveugles à la Foire de Saint Ovide, où ces derniers, affublés de costumes ridicules, sommés de jouer de la musique et de franchir des obstacles, sont moqués pour faire rire le public. Profondément choqué par ces scènes, il décide de se mobiliser et de leur rendre leur dignité en leur apprenant à lire et à écrire.
Un procédé de gaufrage
Ayant observé la grande sensibilité au toucher de certaines personnes aveugles, Valentin Haüy en conclut qu’il était possible de reconnaître tactilement les caractères d’imprimerie en relief. Il fit donc fabriquer un alphabet avec des lettres de taille supérieure et s’en servit pour gaufrer des feuilles de papier cartonné. Il testa d’abord ce procédé auprès d’un jeune mendiant aveugle François Lesueur, dont l’éducation lui a été confiée par la Société Philanthropique créée depuis peu. Très rapidement, celui-ci apprend à lire, à composer des phrases et à maîtriser l’orthographe.
Fort de son procédé innovant, Valentin Haüy fonde l’Institution des Enfants Aveugles en 1785, la première école gratuite accueillant des enfants aveugles. Celle-ci est financée par la Société Philanthropique jusqu’en 1791, année de la nationalisation de l’institution qui devient l'INJA (Institution Nationale des Jeunes Aveugles). La finalité de l’école est à la fois d’instruire les élèves et de leur apprendre un travail manuel. Grâce à sa méthode ingénieuse, ses jeunes élèves aveugles acquièrent des rudiments d’orthographe et de calcul.
30 ans d’engagement au service des personnes aveugles et malvoyantes
En 1786, Valentin Haüy publie sous l’égide de l'Académie des Sciences, un essai sur l'instruction des aveugles, composé exclusivement en caractères gaufrés, et incluant à la fin de l’ouvrage des exemples de travaux d'imprimerie réalisés par ses élèves de l’Institut.
Mais cette heure de gloire ne dure pas. En 1802, Valentin Haüy est contraint de démissionner de la direction de l’établissement, qui a entretemps été rattaché à l’hospice des Quinze-Vingts.
Il fondera ensuite une école privée, le Musée des Aveugles, avant de partir en Russie pour y monter la première école pour enfants aveugles du pays, qu’il dirigera pendant 11 ans. Rentré à Paris, un grand hommage lui sera rendu, en 1821, au sein de l’Institution qu’il a créée.
Il meurt le 19 mars 1822, au terme de plus de trente années entièrement consacrées à la cause des personnes aveugles et malvoyantes.